Saint Joseph ou la vérité du songe, par Dominique Ponnau
Ecrire un livre aujourd'hui sur saint Joseph peut sembler une gageure. Dominique Ponnau relève ce défi. Il nous donne un texte riche, parfois inattendu, qui exprime à merveille son attachement envers un saint que le pape François a inscrit récemment au canon de la messe avec mention obligatoire juste après la Vierge Marie. Dans une écriture souvent poétique, l'auteur offre à son lecteur assurément les plus belles pages, les plus sensibles dans le sillage de son « Caravage » et de « La Beauté pour sacerdoce », socle culturel et fondement spirituel de la démarche suivie dans « Saint Joseph ou la vérité du songe ».
L'époux de Marie et père de la Sainte Famille est le saint emblématique de la discrétion, parfaitement accordée à celle de la Vierge Marie. Sa place, dans les Évangiles, est inversement proportionnelle à celle qu'il occupe dans l'économie du salut. Presque aussi déterminante que celle de Marie. Le oui de Joseph fait écho spirituel et humain à celui de Marie. Discret, Joseph est l'homme du songe, non pas comme rêveur, mais comme destinataire par le ministère de l'ange d'une partie essentielle du message divin relative au mystère de l'Incarnation. L'auteur nous fait entrer dans la compréhension du rôle de Joseph dans son chapitre « Le songe, porche de la vérité » qui éclaire le titre de son ouvrage, et justifie son projet : « Le songe est dans la Bible tout entière l'une des portes d'accès les plus sûres à la connaissance du mystère. Il l'est dans toutes les cultures du monde antique. Il l'est aujourd'hui même. Et non pas seulement quand le psychanalyste se propose de nous aider à en déchiffrer le sens. (…) L'histoire, le mythe, la mystique trouvent dans la poésie du songe la vérité. »
Parmi les voies d'accès à la vérité, liées à la « poésie du songe », Dominique Ponnau privilégie la musique – notamment les chants – et tout autant la peinture, dans ce voyage intérieur allant du chant grégorien à Bach et à Berlioz, celui de l' « Enfance du Christ », et la peinture, des fresques d'Abou Gosh à Jérusalem aux maîtres sublimes du XVIIe siècle, Poussin, Rembrandt, La Tour, Caravage, celui du « Repos pendant la Fuite en Egypte », Le Nain, Le Brun, Zurbaran, Ribéra... Ces peintres du Grand siècle de la foi, avec lesquels par toute son âme et sa culture l'auteur est toujours en si parfaite et si subtile consonance. Toutes ces œuvres sont autant d'entrées dans le mystère de Joseph et de Marie, nous conduisant au seuil de l'insondable mystère de l'Incarnation du Verbe.
Les trois derniers chapitres constituent comme les marches ultimes d'une ascension pérégrine auquel Dominique Ponnau nous a conviés, lui le marcheur de la Nuit, à la clarté de cette nuit de saint Joseph que vient toucher l'ange, au frémissement du songe, choisi comme porche de son livre, porche de la lumière et de l'amour. Page après page, ce livre magnifique nous sert de guide dans ce pèlerinage de l'Amour qui met nos pas en chemin vers Joseph, vers Marie et ultimement vers Jésus, puisque, comme l'écrit l'auteur :
« L'Amour est l'inspirateur par excellence de tout pèlerinage. »